Sous la lumière du réverbère, mon bouleau frissonne dans la nuit, ses
feuilles d’or tremblent en attendant le premier balbutiement sonore du
merle annonciateur du jour. J’ai posé l’encrier au bord de ma table
de nuit et glissé la plume entre les pages, sou é la bougie, et me suis
rendormie.
Je rêve à un rosier rouge, très vigoureux que je veux déterrer. Je pioche
avec ma pelle autour de la tige épaisse, je découvre les racines. Elles
plongent dans un magma sanguinolent.
C’est la cervelle de Baudelaire. Ma pelle entame la cervelle de Baudelaire
qui est gluante et élastique et cette matière me révulse, je referme
le trou en espérant que je n’ai pas abimé le rosier. Je montre à mon
amant, qui se penche avec moi et regarde le rosier, de belles pousses
qui s’élèvent comme des cornes d’ivoire autour de la tige centrale (mon
amant me récite souvent des poèmes de Baudelaire, si je suis angoissée,
il me récite Le balcon).